Histoire
VIRGINIE DANION ET LA CHAPELLE DE L'ACTION DE GRÂCES
La chapelle de l'Action de Grâces (1870), édifiée à l'emplacement d'un ancien sanctuaire dédié à Saint-Michel. Sa construction est l’œuvre de Sigismond Ropartz (Archéologue et artiste, se fait dessinateur et architecte). La chapelle abrite un vitrail représentant "la Crucifixion de saint Pierre". On peut voir dans l'abside des fresques dans le cœur et dans les tribunes, ce sont les œuvres d'Alphonse Le Hénaff.
Une femme est à l'origine de sa création « Virginie Danion », née en 1819, elle fut élevée dans une grande ferveur religieuse ou la crainte du péché et de l'enfer était au centre des préoccupations familiales.
- A 14 ans, elle reçoit une grâce exceptionnelle à l'église de Ménéac en recevant et regardant L'Hostie et décide de consacrer sa vie à l'adoration du Saint Sacrement.Elle poursuit son temps de formation à Ploërmel puis à Rennes.
- A 18 ans en 1837, elle reçoit la confirmation. Plusieurs fois demandée en mariage, elle repousse toutes les offres, passe beaucoup de son temps à prier dans l'église paroissiale et en 1846, décide de se consacrer à son « Bien Aimé ».
- A 30 ans, elle quitte ses parents pour rejoindre Paris au « Carmel » (l’ordre du Carmel est un ordre religieux catholique contemplatif ) puis chez les sœurs réparatrices et très tôt devient supérieure d'une communauté à Lyon. Elle n'est pas très alaise dans cette communauté, la quitte et essaie une autre, mais en vain. C'est alors qu'elle revient à Mauron rejoindre ses parents, les pauvres, mais aussi la prière à l'église.
- A 51 ans, en 1870, elle va être à l'origine de la création de la Chapelle.
- A 53 Ans, Virginie qui a pris le nom de Sœur Marie du Saint Sacrement se consacre à l'adoration
En 1881, à 62 ans, Virginie Danion fonde la communauté des sœurs adoratrices du saint sacrement. Son but est de remercier Dieu pour tous ses bienfaits.
Minée par la maladie, elle décède le 20 janvier 1900 à 81 ans, enterré au cimetière de Mauron, ses restes seront déposés en 1929 dans le caveau près de l'autel de la Chapelle.
BATAILLE DE MAURON
14 août 1352
Histoire :
La succession du duché de Bretagne s'ouvre en 1341, à la mort du duc Jean III, qui n'a pas d'héritier direct. Jean III avait deux frères, Guy, comte de Penthièvre, est né du premier mariage de son père Arthur avec Marie de Limoges. Mort en 1331, il laisse une fille, Jeanne de Bretagne-Penthièvre mariée à Charles, comte de Blois, neveu du roi de France. De son second mariage avec Yolande de Dreux, comtesse de Montfort, Arthur avait également eu un fils, Jean de Bretagne-Montfort, qui se déclara prétendant au duché de Bretagne, poussé par sa femme Jeanne de Flandre.
Le France se prononce finalement pour Jeanne de Penthièvre, dont le mari Charles de Blois est le neveu du roi de France Philippe VI, tandis que Jean de Bretagne-Montfort cherche appui auprès du roi d'Angleterre Edouard III.
C'est alors que cette lutte pour la succession de Bretagne devient un épisode de la guerre dite « guerre de Cent ans ».
La situation :
Josselin est alors aux mains de Jean de Beaumanoir, partisan de Charles de Blois. Ploërmel est tenu par l'Anglais Robert Bemboroughn partisan des ducs de Bretagne de la maison de Montfort. Depuis la mort de Jean de Montfort en 1345 (son tombeau se trouve depuis 1821 à l'église Saint-Armel de Ploërmel) - et la capture par les Anglais de Charles de Blois à la bataille de la Roche-Derrien en 1347, les deux partis campent sur leurs positions.
La paix est entrecoupée par quelques escarmouches comme le combat des Trente qui se déroula le 26 mars 1351 entre Josselin et Ploërmel. En 1352, le roi de France Jean II le Bon relance les hostilités. A la tête d'une armée franco-bretonne le maréchal Guy II de Nesle d'Offemont est chargé de reprendre Ploërmel aux Anglo-bretons.
Mauron est ainsi fortifié par les Franco-bretons, en point d'appui avec Josselin, pour préparer l'attaque contre Ploërmel. Défense occidentale avancée de Rennes, la place forte de Mauron contrôle à leur intersection les voies reliant les cités de Dinan, Vannes, Rennes et Cahaix. Cette position stratégique importante de la place est convoitée par le parti de Montfort.
L'armée Anglo-bretonne se compose de 2000 hommes commandés par les Bretons Tanguy du Châtel, Garnier de Cadoudal, Yves de Trésiguidy et l'Anglais Gautier de Bentley. Les soldats sont reconnaissables, vétus de cottes blanches surmontées de la croix rouge de Saint Georges, patron des Chevaliers Anglais.
L'armée Franco-bretonne compte 5000 hommes, commandés par le français Guy II de Nesle d'Offemont et des bretons, héros rescapéd du combat des Trente, Jehan de Beaumanoir et Alain de Tinténiac ainsi que Jean 1er de Rieux et Alain VII de Rohan.
Les deux armées s'affrontent le 14 août 1352 au lieu-dit Brambily près du château de Mauron. Des milliers de soldats n'en reviendront jamais.
La bataille :
Persuadé de sa supériorité, le maréchal de Nesle d'Offemont propose à Bentley un armistice pour se rendre ou regagner l'Angleterre, ce que le chef anglais refuse.
Les terrains ou se déroulent la bataille de Mauron sont très vallonnés, descendant vers la rivière à l'ouest et au nord, et vers la forêt de Brocéliande à l'est et au sud. Bentley dispose ses troupes en haut d'une colline à environ à 1,5 km des positions françaises, les dominant d'environ une centaine de mètres. Le capitaine anglais Adosse, ses 800 à 1000 archers à un bois bordé de fourrés, en dessous de la crête de la colline, ceci pour leur permettre de tirer vers l'ennemi qui est en contrebas et leur éviter d'être pris à revers sur les arrières et sur les flancs. Bentley s'installe sur la défensive, le soleil dans le dos, faisant combattre à pied tous ses hommes y compris les chevaliers. Tanguy du Chastel commande les nobles répartis au centre du dispositif.
Arc contre épée
Face aux Anglais, le maréchal de Nesle d'Offemont dispose en bas de la prairie ses hommes qui combattent à pied, en trois batailles : la bataille du centre, qu'il commande lui-même est composée des nobles. La division de droite est sous les ordres du maréchal breton Jean III de Beaumanoir, secondé par les vainqueurs du combat des Trente, Even Charruel, Guillaume de la Marche, Guillaume de Montauban, Robin de Raguenel, Jean de Tinténiac et Maurice de Tréséguidy. La gauche du dispositif est constituée par un corps de cavalerie de 140 hommes sous les ordres de Roch d'Hangest. L'armée franco-bretonne ne comporte pas d'archers, l'arc était en effet considéré comme une arme de lâche par les Français qui mettaient leur honneur à se battre à l'épée.
Les archers Anglo-bretons laissent les Franco-bretons attaquer, se replient et s'abritent pour tirer des milliers de flèches qui font des ravages dans les troupes françaises qui montent à découvert à l'assaut de la colline. Les droites françaises commandées par Jean III de Beaumanoir reculent puis se débandent devant le déluge de flèches. Le centre Anglo-breton peut alors descendre la colline en attaquant. Les fantassins anglais se font aider par les archers de l'aile gauche qui n'ont plus personne en face, l'aide droite française ayant été décimée. La bataille fait rage.
Les hommes se battent au corps à corps, la mêlée est si confuse et si rude qu'elle rend, à un certain moment, inefficace l'intervention des archers anglais qui se battent en fantassins. Toutefois l'aile gauche franco-bretonne des cavaliers de Roch d'Hangest finit par renverser l'aile droite anglaise en tuant plus de 600 archers. Le combat se recentre, chaque troupe ayant perdu une aile et les archers étant contraints de se battre en fantassins. Bentley, malgré de graves blessures et malgré la perte des ses 600 archers gallois, continue à organiser le combat. Beaucoup de chevaliers français sont titulaires de l'ordre de l'Etoile créé le 16 novembre 1351 par le nouveau roi de France Jean II le Bon. Ils mourront fidèles à leur serment de ne jamais reculer.
Défaite des Franco-bretons
En fin d'après-midi, la bataille de Mauron se transforme en une cuisante défaite pour les troupes Franco-bretonnes du maréchale Guy de Nesle d'Offemont. Ce dernier, entouré l'élite de ses combattants, se bat courageusement. Après un combat désespéré au corps à corps, il se fait tuer par Tanguy du Chastel, l'un des lieutenants bretons du capitaine anglais. C'est alors la débandade dans le camp Franco-breton, un sauve qui peut aveugle qui se termine en affreux carnage. Selon les sources, entre 50 et 140 chevaliers franco-bretons périrent avec le maréchal Guy II de Nesle et le héros du combat des Trente Alain de Tinténiac. Il faudra deux jours pour retrouver le cadavre du maréchal Guy de Nesle d'Offemont.
Un nombre important de nobles bretons et français ont péri, victime des archers anglais et gallois et surtout de leur serment de ne jamais reculer. Bien que moins nombreux, les Anglo-bretons remportent la bataille. Le combat fut très violent et les pertes sévères de part et d'autre : 800 hommes du côté franco-breton et 600 du côté anglo-breton. Elles furent surtout pour l'aristocratie bretonne soutenant le parti de Charles de Blois. Il est dit que les derniers Chevaliers de la Table Ronde y trouvèrent la mort. Les lourdes pertes imposent aux deux parties le statu quo.
La guerre ouverte ne reprendra que 11 ans plus tard et se terminera en 1364 par la bataille d'Auray. Au cours de ce combat, Charles de Blois, renversé d'un coup de lance, est achevé par un soldat anglais. Duguesclin, ayant brisé toutes ses armes, est obligé de se rendre à John Chandos. Cette victoire des Anglo-bretons met fin à la guerre de succession de Bretagne. Par le traité de Guérande, en 1365, le roi de France reconnaît Jean IV de Bretagne comme Duc de Bretagne.
« En l'an de grâce 1352, une troupe de preux chevaliers, le cœur empli de bravoure et de courage se prépara à aller au combat. Nul ne savait à ce moment précis ce que ressentaient ces nobles guerriers, défenseurs de la Bretagne, leur terre royale, le pays aux mille splendeurs si chères à leur âme. Ces compagnons aussi forts que l'ours et aussi nobles que le cerf allaient livrer bataille au prix de leur vie qu'ils jugeaient naturelle d'être sacrifiée pour le bien de leur terre et pour la justice. Ils allaient défendre ce qui leur tenait le plus à cœur : la liberté d'une terre et de son peuple. La légende veut qu'aucun guerrier ne puisse ressentir de la peur. En réalité ils étaient humainement pris par cette faiblesse non pas pour leur sort mais pour la vie de leurs épouses et de leurs enfants qu'ils imaginaient dans les griffes de l'ennemi. Ils tremblaient des conséquences de l'avenir des leurs si jamais ils échouaient. Non, cela ne se pouvait pas. A cette pensée, leur esprit chassait l'anxiété et leurs cœurs s'emplirent de courage. Tandis qu'ils avançaient vers le champ de bataille, ils relevèrent la tête, haute et fière. Leur force morale fit étinceler leur regard pointant en direction de l'ennemi. Ils n'avaient qu'un but : repousser et anéantir leurs adversaires sans jamais, au grand jamais, reculer.
Il n'y avait plus de place pour la peur de l'avenir qui pouvait, à tout moment, s'annoncer malheureux. Au contraire, le courage était le maître mot animant ce groupe de chevaliers avançant avec puissance vers le camp opposé. Ils allaient sauver leur royaume. C'est alors que dans un dernier élan de détermination féroce, le chef des Chevaliers signala à ses hommes le moment de plonger à l'assaut des Anglais en hurlant avec passion et grande noblesse : « Monstrant regibus astra viam » (allusion à l'étoiles des rois mages).
Ils furent les Chevaliers de l'Ordre de l'Étoile. Le dernier ordre descendant, d'après la légende, de celui des Chevaliers de la Table Ronde. Aucun champ de bataille de tout temps ne connut de bravoure plus pure et loyale sur la terre bretonne » . Morgane Ghiedini.